Le conte comme le théâtre est un art de la parole, de la communication. Il faut arriver à parler au coeur et à l'âme du public. Et pour y parvenir, il faut «s'ouvrir» à l'autre, ce qui reste peu aisé pour les personnes plus introverties comme moi. Apparemment, le chant permet cette ouverture; il faut s'assumer! Notre voix peut nous jouer des tours, mais on doit croire en ce qu'on fait, «tenir son boutte», comme le répète souvent Diane Cormier, ma professeure de théâtre...
Chaque conte (moment où l'on part d'un point A pour arriver au point B) correspond à un pavé de plus posé sur le parcours d'une rencontre avec soi. En tout cas, c'est ainsi que j'entrevois le conte. Je pourrais difficilement parler de quelque chose que j'ignore. Ça semblerait faux. Et puis, en même temps, c'est assez étrange de constater qu'il faut partir de notre propre intériorité pour atteindre l'autre. Ainsi, nos peurs, nos espoirs, nos émotions, tout contribue à faire naître des images dans notre tête, qui seront assez fortes pour germer dans la tête de quelqu'un d'autre, pourvu qu'on ne perde pas le fil narratif de l'histoire racontée. Par ailleurs, l'entraînement de conteuse offert par Cantine Motivée me permet de libérer un espace dans mon horaire - de plus en plus chargé - pour penser, réfléchir, échanger, respirer, créer spontanément, essayer, oser... Nous avons parlé des conteurs qui nous inspiraient. Au Québec, il y a, pour moi, Stéphanie Bénéteau et Renée Robitaille. Les deux ont une façon de conter différente. Stéphanie, c'est par des gestes discrets mais qui tombent toujours à point, un sourire dans les yeux, une voix sensuelle, qu'elle arrive à me faire voir des dragons, des couples qui s'éveillent à l'amour, des combats à l'épée... Je sens le plaisir qu'elle a de conter, sa complicité avec le public. Quand je vais la voir en spectacle, j'assiste à un moment de grâce. Quant à Renée, elle m'épate par ses registres de voix. Elle peut incarner un petit garçon, un homme de chantier, une grand-mère. Ses personnages vivent en elle et, chacun leur tour, prennent la parole. J'admire l'architecture de ses histoires, fines, habilement menées... Son travail de création et d'interprétation, entre autres, pour ses deux spectacles «Hommes de pioche» et «Le Chant des Os» mérite d'être souligné. Pour revenir à l'entraînement de conteuse, je pense avoir trouvé mon leitmotiv. En fait, je n'ai pas encore terminé la lecture de «Femmes qui courent avec les loups» de Clarissa Pinkola Estés, mais déjà, plusieurs chapitres ont résonné en moi. Ça devrait être une lecture obligée pour toutes les artistes. En fait, pour toute personne intéressée à connaître les femmes, à mieux les comprendre. Voici le leitmotiv en question : « Une femme doit vouloir brûler, de passion, de désirs, d'idées, de mots, pour ce qu'elle aime vraiment. » Et surtout, surtout, travailler à alimenter ce feu.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Geneviève FalaiseArtiste de la parole Archives
Décembre 2018
Categories |