Désy, Jean (2006). Au nord de nos vies. Montréal, Québec : XYZ éditeur.
J'ai eu le privilège de rencontrer Jean Désy, à la fois médecin et écrivain, lors d'un atelier d'écriture intensif offert à l'UQAR, l'été dernier. Inspirant, cet homme. Tous les étudiants semblaient suspendus à ses lèvres, alors qu'il nous mettait au défi de sortir, de prendre l'air, et de s'inspirer du paysage pour commencer un carnet. Aller au dehors pour mieux saisir le dedans... Capter avec nos sens la beauté du fleuve Saint-Laurent ou ce qu'il évoque, afin de plonger en nous-même. Beau défi. Tout de suite, j'ai aimé le déclencheur proposé. Un an après, j'ai enfin pris le temps de goûter à l'écriture de Désy. Huit textes, huit récits captivants qui présentent un même narrateur, voilà ce qu'on découvre en parcourant Au nord de nos vies. Grâce à son expertise, l'auteur peut nous décrire toutes sortes d'opération pratiquées dans le Grand Nord québécois (Nunavik). Et on y croit. On se sent dégoûté parfois. Et parfois, on a juste le désir de ranger le livre dans la bibliothèque. C'est qu'il y a de ces horreurs décrites, qui frappent, blessent... mais l'horreur vient plus des faits relatés avec grande sensibilité que de détails sordides. Par exemple, dans un des récits, Julien, le narrateur / médecin de garde, confie sa révolte devant la tâche d'avoir eu à «réparer la déchirure» d'une petite fille de quatre ans, violée... Le froid du climat rencontre l'impuissance glacée de ceux qui essaient de sauver des vies pendant que d'autres humains tentent de les briser. Et le désir de connaître la suite du parcours de Julien, un personnage tellement attachant, nous pousse à tourner page après page. Comme lectrice, j'ai été émue des apprentissages du narrateur. J'ai admiré son courage face aux défis quotidiens qu'il rencontrait. J'ai été amusée par ses prémonitions de malheurs, parfois déjouées par le destin. J'ai découvert l'existence du fleuve Koroc et de la chute de Korluktok. En fait, la vie et la mort cohabitent dans ces récits, profondément humains, qui offrent des portraits tout en nuances du Nunavik et de ses habitants. À lire et relire. Hellman, Michel (2016). Nunavik. Gatineau, Québec : Éditions Pow Pow. Après la lecture des récits de Désy, la bande dessinée récipiendaire du Prix Bédélys Québec, Nunavik, devient un complément inespéré. Un récit de vie où le créateur relate le stress lié à la production d'une suite d'une première oeuvre à succès, Mile End. Comment refaire en mieux ce qui a déjà plu au public? Avec humour et autodérision, Hellman relate son désir presque naïf de découvrir le Grand Nord, prétextant la recherche de l'inspiration. Est-ce la fuite face à ses préoccupations (professionnelles et familiales) ou le rêve d'aller à la rencontre de soi-même dans un milieu qui s'oppose à sa zone de confort, pas si confortable après tout? On sourit de ses chocs culturels : moustiques voraces, proximité des ours, paysage bouleversant de la toundra, jeunesse de la population... Grâce à une carte dessinée au début de la bande dessinée, on peut suivre ses escapades en «terra incognita» : Kuujjuaq, Kangiqsujuaq, Kangirsuk, Puvirnituq. Est-ce que ça donne le goût de visiter ces lieux? Ce n'est certainement pas un guide de voyage touristique. La misère humaine représentée, sans verser dans le misérabilisme, fait en tout cas prendre conscience que la route entre le Nunavik et le reste du Québec demeure à bâtir pour amener les diverses cultures sur un même pied d'égalité, tant au niveau social qu'économique.
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Mea culpa. Je n'ai pas alimenté ce blogue depuis sept mois. Ce n'est pas faute d'avoir écrit!
Janvier et février 2017 Coachée par Martin Mercier du Centre de création scénique, je me suis lancée dans l'écriture d'une première pièce de théâtre «J'me mets à ta place», qui sera présentée en lecture publique en 2017-2018, à diverses occasions. Encore cet été, je peaufinerai le texte après présentation à quelques personnes ou groupes ciblés. Le sujet est si délicat que mes intentions d'auteure pourraient être mal interprétées... Je me suis inspirée d'un fait divers qui m'a tellement bouleversée en 2012 : la découverte d'une femme nue, avec uniquement des bas aux pieds, morte dans un stationnement. Cette pièce aborde l'indifférence des gens face à la détresse humaine. Je dédie d'ailleurs ce texte à toutes les personnes qui croient qu'elles ne valent rien. Et j'aurai toujours une pensée pour toi, Joëlle Tshernish, dont je n'ai connu le nom et la triste fin qu'à travers les journaux. Mars à juin 2017 Toujours soutenue à l'écriture par Martin, j'ai revu entièrement le spectacle «Femmes des bois». La nouvelle mouture relate la vie de Jennie Cliff, une trentenaire qui va à sa maison d'été pour la dernière fois. Elle découvre un carnet dans lequel son père a retranscrit diverses légendes des Premières Nations... J'ai eu la chance de présenter en mai dernier ce spectacle à Edmonton, lors du festival TALES. En juin, je l'ai encore retravaillé, surtout au niveau de la mise en scène, avec Martin, un précieux allié dans mes projets fous de création. La prestation extérieure, un soir de grand vent en juin, en bordure du fleuve tout près de la Maison Nivard-De Saint-Dizier, a été magique. Plusieurs spectateurs sont venus me partager leurs impressions enthousiastes, même s'ils auraient apprécié s'emmitoufler dans de chaudes couvertures. J'ai confiance que ce nouveau spectacle me portera encore plus loin. D'autres dates sont prévues au Calendrier. Outre l'écriture, je n'ai pas chômé les sept derniers mois, loin de là. - J'ai suivi une formation intensive «Patine et perruque pour marionnettes» avec la magnifique et compétente Claude Rodrigue (suis fière du résultat des têtes produites - pas sûre par contre de poursuivre dans cette voie au niveau professionnel - quel travail!). - J'ai assisté à plusieurs pièces de théâtre (pour aiguiser mon œil d'auteure de la scène, me cultiver ou me divertir). - J'ai participé à la formation «Déployer sa personnalité conteuse», avec Alexis Roy et Nadine Walsh (qui m'ont amenée, encore une fois, à sortir de ma zone de confort - merci!). - J'ai cherché un logement, rempli des boîtes, déménagé, défait des boîtes. Ouf. - Reçu des copines extraordinaires dans mon nouveau logis (bon sang qu'on a ri - merci les filles!). - Fait un retour aux études (février à mai), pour parfaire mes compétences entrepreneuriales. Je n'ai pas fini d'apprendre, même si je n'ai pas complété la formation. Je suis une autodidacte qui aime suivre sa rivière, à son rythme. - Rempli plusieurs demandes de subventions (on n'imagine pas le temps que ça peut prendre - ayoye). - Durant mes vacances, j'ai marché Montréal à Trois-Rivières, en suivant le Chemin des Sanctuaires (j'avais besoin de reposer l'intellect et de muscler la carcasse). - Lu. J'ai un faible pour les publications de l'éditeur Mémoire d'encrier. D'ailleurs, dans mes lectures, voici deux récents coups de cœur : - «L'imparfaite amitié», de Mylène Bouchard (sur les relations d'amitié et d'amour, la différence entre les deux; les liens qui évoluent, se multiplient ou s'effacent; les questionnements existentiels - c'était parfait pour moi); - «L'enfant hiver», de Virginia Pésémapéo Bordeleau. Je suis amoureuse de l'écriture de Virginia Pésémapéo Bordeleau. Je lis parfois trois fois chacune des phrases tellement elles sont belles. Je veux m'imprégner de leur poésie, des images et de leur profondeur. Ses romans me touchent, me guérissent, me transforment. Et pour moi, il n'y a rien de plus essentiel dans l'art que son pouvoir de faire évoluer l'humain. Je sens que la plume de Virginia m'inspirera un futur projet d'écriture (en germe dans ma tête). À suivre... Un périple nécessaire à Godbout est prévu très bientôt. Je me ressourcerai auprès du Golfe du Saint-Laurent pour revenir neuve, encore plus forte qu'avant, prête à plonger sans peur (je l'espère) dans le futur qui s'ouvre à moi, à chaque jour, à chaque avancée, à chaque découverte. À mon retour, j'aurai le privilège d'être en résidence de création à la Maison de la culture de Côte-des-Neiges. C'est un autre beau cadeau de la vie... après des années d'entêtement ou de persévérance, selon les points de vue. Notez tout de suite à votre agenda le 30 novembre 2017. Je vous en dirai plus une prochaine fois. D'ici-là, bon été et osez vivre vos passions! |
Geneviève FalaiseArtiste de la parole Archives
Décembre 2018
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